Le Palmarès 2020

En raison des contraintes liées à la pandémie, la cérémonie annuelle de remise des Prix de l'Académie du Jazz s'est déroulée mercredi 10 mars au cours de l'émission Club Jazz à FIP, tout spécialement consacrée à cet événement.

Dès l'ouverture de l'émission animée par Jane Villenet et Thomas Curbillon, hommage fut rendu à Claude Carrière, président de cette même Académie entre 1993 et 2004, spécialiste émérite de Duke Ellington et homme de radio ayant édifié par son érudition discrète de nombreuses générations d'amateurs.
Au cours de cette heure et demie radiophonique, François Lacharme, président en exercice de l'Académie du Jazz et invité de l'émission, a dévoilé le Palmarès 2020 en présence de quelques lauréats ravis de pouvoir jouer en direct dans le studio de FIP.

Ainsi, Sophie Alour, lauréate du prestigieux Prix Django Reinhardt récompensant le musicien de jazz de l'année, interpréta avec une grande subtilité La chanson d'Hélène de Philippe Sarde avec le contrebassiste Diego Imbert, puis I Loves You, Porgy de Gershwin, le pianiste Alain-Jean-Marie se joignant alors au duo. Très émue de recevoir le Prix Django Reinhardt et manifestant sa fierté de prolonger ainsi une lignée prestigieuse de lauréates et de lauréats, Sophie Alour évoqua ses premiers pas au saxophone qu'elle commença à 19 ans. Ecartant l'idée que le peu de femmes dans ce milieu ait pu être un obstacle à sa construction de musicienne, elle dit s'être identifiée à John Coltrane, musicien essentiel ayant déterminé son choix de devenir saxophoniste.

Récompensés du Prix du Disque Français pour leur album "Interplay" consacré à l'univers compositionnel de (et autour de) Bill Evans, Alain Jean-Marie et Diego Imbert entamèrent leur dialogue raffiné, intime et riche harmoniquement, s'exprimant ensuite au micro de FIP sur la genèse de ce projet et sur la frustration immense provoquée par les effets de la crise sanitaire, privant les musiciens des "applaudissements qui sont le pain de l'artiste", selon la belle expression du pianiste antillais.
Lauréat du Prix du Jazz Vocal pour son disque "Skin In The Game" après avoir été récompensé à deux reprises par l'Académie du Jazz au cours des quinze dernières années, David Linx, improvisateur intrépide doté d'une voix à l'agilité redoutable, interpréta un poème de James Baldwin (l'une de ses grandes inspirations) puis revint à ses premières amours en proposant une version pleine de feeling de Body and Soul en compagnie d'Alain Jean-Marie et de Diego Imbert. Ce, avant de se rendre au micro de FIP pour rendre hommage aux chanteuses de jazz européennes et américaines qui bâtirent sa passion pour ce métier.

Profitant de la présence des uns et des autres, les quatre musiciens ont uni leurs talents pour un final en hommage à l'écriture vif-argent de Chick Corea, disparu récemment, en interprétant High Wire.

Dans l'impossibilité de se rendre à Paris en raison des circonstances actuelles, Maria Schneider pourra savourer depuis son domicile de Manhattan son Grand Prix de l'Académie du Jazz récompensant le meilleur disque de l'année. En effet, son double CD "Data Lords" édité sur le label collaboratif ArtistShare constitue un jalon mémorable de son travail où se mêlent avec bonheur les influences de Gil Evans (pour la science des timbres) et de Bob Brookmeyer (pour celle de la forme et du développement). Signe des temps, le titre de ce double opus est un appel à la prise conscience de chacun sur les conséquences néfastes de l'utilisation des données personnelles par les GAFA.
Au cours de ce moment radiophonique riche et intense furent évoqués quelques grands noms liés directement à l'Académie du Jazz : ainsi Jean Cocteau, "qui avait eu la prescience de l'importance du jazz" selon François Lacharme qui brossa en quelques traits la profession de foi et l'œuvre de cette institution. À signaler aussi quelques anecdotes hautes en couleurs sur la personnalité attachante de Maurice Cullaz et l'importance de l'héritage d'André Hodeir, "qui fut une chance pour le jazz et dont les écrits, autant que l'œuvre musicale, ont tracé une perspective exigeante et pérenne", toujours selon le président de l'Académie.

Au-delà de quelques considérations sur le fonctionnement de cette institution née en 1954, l'émission fut émaillée d'extraits des disques récompensés dont vous trouverez le détail dans le palmarès joint à cet envoi.
Selon la formule désormais consacrée, l'Académie du Jazz continue gaillardement sur sa trajectoire œcuménique, indépendante, un œil dans le rétroviseur, l'autre sur les routes futures.

Un grand merci à nos partenaires et mécènes, au premier rang desquels la Fondation BNP Paribas, FIP, la SACEM, la SPEDIDAM, le Conseil des Vins de Saint-Emilion, avec la participation active du site Couleurs Jazz.

*soutenu par la Fondation BNP Paribas, l'un des rares mécènes du jazz et de la création contemporaine qui dote ce prix de 3.000 euros.

Le Communiqué de Presse
Le site de l'Académie du Jazz
Les Lauréats depuis 1954

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Photo Boris Vian: Jean-Pierre Leloir
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